Nous avons sélectionné pour vous cinq accessoires susceptibles d’attiser la curiosité. Oculaires à grand champ, reflex photo modifiés, lampes rouges, monture solaire… Il y en a pour tous les goûts !

Ce banc d’essai fait écho à celui publié dans notre numéro 88, qui avait rencontré un vif intérêt de par son éclectisme et les produits méconnus présentés. Ce mois-ci, place à d’autres accessoires que nous avons glanés au fil du temps et qui se sont révélés pratiques, performants, étonnants ou simplement très attractifs sur le plan financier. Des caractéristiques qui ont en tout cas pour dénominateur commun de nous avoir tapé dans l’œil.

De bien étranges boîtiers photo modifiés !
Les amateurs de photographie du ciel profond à longue pose avec un boîtier reflex ou hybride le savent bien : l’augmentation du temps de pose a pour conséquence aussi une augmentation du bruit de capteur du fait de son échauffement. Si les utilisateurs de caméras spécifiques bénéficient la plupart du temps d’un système de refroidissement électrique intégré, force est de constater que les photographes plus traditionnels n’ont que peu de solutions à se mettre sous la dent. La société sud-coréenne CentralDS vient à leur secours avec une modification radicale du matériel… Prenez un reflex de dernière génération ou un hybride, construisez une chambre refroidie par effet Peltier à l’avant de la baïonnette d’objectif, installez-y le capteur défiltré et reliez classiquement l’ensemble aux processeurs de l’appareil photo : vous voilà aux commandes d’un imageur nouvelle génération, aux fonctionnalités photo quasi inchangées (hormis, bien sûr, la perte de la visée reflex optique et l’obligation d’en passer par l’obturateur électronique d’origine), pouvant recevoir les objectifs et tous les accessoires dédiés à la marque. La chambre qui abrite le capteur est refroidie à 18° en dessous de la température ambiante, et un astucieux système de chauffage évite tout risque de condensation. Des porte-filtres et filetages standardisés sont aussi associés, ainsi qu’un thermomètre digital particulièrement précis et une compatibilité étendue avec certains accessoires astronomiques typiques. Au final, l’ensemble se veut prendre le meilleur des deux mondes : la facilité d’utilisation des matériels photo et les performances électroniques des caméras. Le budget est, sans surprise, conséquent : de 1 500 $ environ pour un reflex d’entrée de gamme (Canon EOS 200D notamment) jusqu’à près de 5 000 $ pour un Nikon D850. La modification d’un boîtier, hors frais d’envoi en Corée, coûte pour sa part entre 930 et 1 650 $ selon le modèle. Toutes ces modifications sont garanties 1 an.

Une nuit dans les bras de Morpheus
S’il est un fabricant particulièrement dynamique dans le milieu de l’astronomie amateur c’est bien Baader ! L’opticien allemand propose en effet chaque année des nouveautés, souvent astucieuses, qui répondent aux besoins du plus grand nombre. Ainsi, parmi la gamme des oculaires Morpheus vient de se glisser une nouvelle focale de 17,5 mm. L’occasion de passer en revue quelques-uns de ces oculaires qui remportent un beau succès auprès des observateurs comme des astrophotographes.
Les Morpheus offrent un champ nominal assez atypique de 76°, c’est-à-dire à mi-chemin entre les oculaires grands et ultra grands champs dont les angles de vision s’établissent respectivement à 70 et 82° environ. L’intérêt d’utiliser de tels oculaires est de permettre d’agrandir suffisamment l’image sans pour autant « rétrécir » sensiblement le champ angulaire perçu. Ces oculaires Baader se caractérisent par une ergonomie étonnante mélangeant étanchéité mécanique (pour supprimer toute apparition d’humidité entre les lentilles), coulants 50,8 et 31,75 mm avec crénelages anti-chutes, œilletons interchangeables, sérigraphie phosphorescente pour repérer dans l’obscurité la focale d’oculaire utilisée, holster pour portage à la ceinture, et filetage M43 pour utilisation en projection photographique afocale. Cette dernière caractéristique est d’ailleurs devenue l’étendard même de la marque, avec son pléthorique système d’accessoires pour adaptation de tout type de matériels de prises de vues. Autre bonne surprise au moment de découvrir les Morpheus : leur poids n’est pas excessif, entre 300 et 350 g, idéal pour être installés sur tout porte-oculaire, y compris sur un 31,75 mm un peu juste en termes de rigidité mécanique. Les Morpheus que nous avons essayés se répartissent en trois focales distinctes, 6,5, 12,5 et 17,5 mm. Trois instruments ont été mis à contribution durant nos soirées d’observation, entre télescope Newton à F/D 6, lunette astronomique traditionnelle au long rapport d’ouverture (F/D 14) et lunette apochromatique triplet à F/D 6. Côté ergonomie et manipulations, si nous avons grandement apprécié le relief d’œil de 20 mm ainsi que le double coulant crénelé, nous n’avons pas été conquis par la phosphorescence des sérigraphies sur le pourtour des oculaires, dont la brillance chute bien trop vite pour être parfaitement lisible durant toute une nuit. Quant à la présence du holster, les avis sont partagés, entre plaisir de l’installer à la ceinture aux beaux jours, et inadéquation d’utilisation en hiver où nous préférons glisser plus simplement les oculaires dans nos poches. Côté qualité optique, les Morpheus n’aiment visiblement pas être montés en sortie d’un instrument mal corrigé en bord de champ image, notamment pour ce qui concerne les focales les plus longues. Dans ces conditions en effet, on perçoit une montée de la distorsion, de l’aberration chromatique et une baisse de netteté en bord de champ. Toutefois, une fois installés sur un instrument mieux corrigé, les Morpheus offrent des images de très bonne qualité, notamment au centre du champ où contraste et résolution sont au rendez-vous. Les tarifs de vente, 247 € environ l’oculaire, apparaissent dans ces conditions cohérents compte tenu des prestations offertes.

Des lampes rouges à tout petit prix…
Si vous êtes à la recherche d’une lampe rouge simple ou de type frontal plus évoluée c’est le moment d’aller faire un tour dans une célèbre chaîne de magasins dédiés au sport, qui proposent deux lampes que nous apprécions tout particulièrement. La première est une frontale à lumières blanche et rouge efficace, à prix ultra serré (8 € seulement). La Trekking Onnight 100 Forclaz offre en effet des caractéristiques parfaitement adaptées à nos utilisations nocturnes, avec ses deux diodes blanche et rouge pilotables via un seul bouton (qui a la bonne idée d’allumer toujours en premier la lumière rouge), son gainage caoutchouc confortable assurant une bonne étanchéité de l’électronique embarquée, et son large bandeau à réglage rapide agréable au contact, dont le maintien sur le crâne est très bon. Autres atouts de ce produit, un poids léger de 80 g, une autonome annoncée de 30h en mode éco (10h en mode classique), et une alimentation par trois piles AAA des plus classiques.
Pour les amateurs qui recherchent une lampe rouge ultra compacte, nous avons trouvé un autre produit dans le même magasin, cette fois au rayon des éclairages (arrières) pour vélos et VTT… La LED V100 Arrière B’Twin possède un poids plume (16 g !) et des dimensions réduites (50 x 30 x 17 mm une fois pliée). Initialement conçue pour être attachée sur une tige de selle ou une potence, elle peut être fixée sur diverses parties d’un télescope (pied, accessoires de trépied, monture) via sa patte élastique, ou simplement rester sagement dans la poche de son utilisateur. Comme pour le modèle précédent, sa structure caoutchouc assure un bon niveau d’étanchéité et de protection, tandis qu’un unique bouton assure la mise en route de ses deux diodes rouges, d’abord en mode clignotement puis en mode continu. Ces diodes étant particulièrement lumineuses, les diriger vers le regard d’un observateur est une mauvaise idée. L’autonomie annoncée est excellente (jusqu’à 44h), et l’alimentation par 2 piles CR2032 est incluse. Enfin, cerise sur le gâteau, le prix de vente est de 4,90 € seulement !

La quête du Soleil…
Le dernier accessoire de cette sélection intéressera sans nul doute les amateurs d’observations solaires, ainsi que les clubs et associations qui recherchent une monture automatique simplifiée à utiliser lors des rassemblements publics. La Sky-Watcher Solar Quest présente une jolie finition et une conception mécanique astucieuse grâce à son trépied équipé de serrages par bagues rotatives façon trépied photo, sa tablette porte-accessoires rigidifiant l’entretoise du trépied, et sa colonne chargée de rehausser la monture selon le tube optique que l’on installe dessus. Directement compatible avec la plupart des instruments du commerce, elle est alimentée au choix par un jeu de 8 piles 1,5v ou par un jack 12v. Son poids global, trépied et colonne de rehaussement compris, est proche de 3,7 kg tandis que sa capacité de charge est donnée pour 4 kg (à pondérer selon la longueur du tube installé). A notre sens, elle gagne à être équipée d’une lunette compacte classique ou équipée H-Alpha et pour une pratique essentiellement visuelle, bien que l’imagerie ne soit pas impossible avec elle compte tenu de sa rigidité générale de bon aloi. Côté utilisation la Solar Quest est un vrai coup de cœur ! Jugez plutôt… Il suffit de l’installer sur site, trépied mis à niveau et tube optique dûment équipé d’un filtre solaire, de la mettre en route et c’est tout ! GPS, compas, accéléromètres et autre capteur de position déterminent les coordonnées du site et pointent le tube exactement sur le Soleil ! L’ensemble de ces opérations ne prend tout au plus qu’une minute. Sitôt le Soleil pointé, la monture entame son cycle de suivi automatique, un suivi que nous avons trouvé efficace, l’astre du jour dérivant peu même après plusieurs heures. Un astucieux joystick situé sur le côté de la monture permet de recentrer si besoin l’image et de mémoriser la correction. Bonheur ultime, les mouvements pilotés par celui-ci tiennent compte de l’orientation de l’image lorsqu’un renvoi coudé est installé en sortie d’instrument (le cas le plus probable). Une attention appréciable pour le débutant qui ne comprendrait pas forcément pourquoi lorsqu’il demande à déplacer l’image dans un sens celle-ci part systématiquement dans l’autre. Durant nos essais quelques points négatifs sont toutefois apparus… A commencer par le risque non négligeable de voir le porte-oculaire de l’instrument cogner contre la monture lors du pointage initial (dans le cas d’un modèle 50,8 mm par exemple, il faut alors veiller à l’orienter correctement avant de mettre en route la monture) ; ou encore par le manque de précision des niveaux à bulle présents sur le trépied et au sommet de la monture. Pour le reste, avec un prix de vente très accessible (395 €), la Solar Quest brille par son utilisation simplissime qui devrait ravir la majorité des observateurs solaires.

Remerciements à Médas et Optique Unterlinden

Le Canon 5D MKIV modifié et sa bague permettant de conserver le bon tirage par rapport au plan film en fonction des accessoires montés dessus.

Nikon D810 modifié équipé d’une roue à filtres standard.

Les trois Morpheus essayés, présentés ici avec les accessoires livrés en standard : holster, bonnette et œilleton.

La Trekking ONNIGHT 100 FORCLAZ en mode rouge, et une fois son boîtier interne sorti de son gainage caoutchouc.

Le bloc électronique de la LED V100 Arrière B’Twin se retire aisément, libérant aussi les deux piles fournies en standard. Il est alors possible de nettoyer le gainage caoutchouc si besoin.

La Solar Quest est essentiellement conçue pour y installer une lunette compacte. Mais il est tout à fait envisageable d’y fixer du matériel photo si l’ensemble n’est pas trop lourd. Les amateurs d’éclipses solaires, notamment, verront cette nouveauté d’un très bon œil. 

Pour trouver le Soleil, la monture utilise entre autre un petit capteur situé logiquement dans l’axe de la queue d’aronde.

Le joystick qui permet de piloter les moteurs pour recentrer éventuellement le Soleil dans l’oculaire est d’utilisation particulièrement instinctive. Les mouvements sur les deux axes sont très doux et précis.

Le plateau porte-accessoires se clipse sur l’entretoise du trépied, permettant de rigidifier instantanément celui-ci ! Simple et efficace.