Avec les systèmes automatiques qui cherchent tout ce qui bouge dans le ciel, c’est un miracle qu’un amateur puisse encore découvrir une comète visuellement.

C’est pourtant ce qui s’est passé le 7 novembre 2018 à 23 heures TU, lorsque Don Machholz a découvert une nouvelle comète dans la Vierge. Et cerise sur le gâteau il l’a découverte à l’oculaire de son télescope situé à Colfax, en Californie. Heureusement pour nous, il est situé en dehors de la zone des incendies et de leurs fumées qui ravagent cet état et son ciel. Depuis 2010, date de sa onzième découverte, c’est 746 heures d’observation à l’oculaire qui lui ont été nécessaires pour engranger sa désormais douzième comète.
Deux observateurs japonais ( Shigehisa Fujikawa et Masayuki Iwamoto) ont indépendamment repéré l’objet sur des photographies et ont pu ajouter leurs noms à celui de Machholz.
Lors de ma première observation, l’atmosphère n’était pas très coopérante. Le 14 novembre, c’est dans les brumes matinales que j’ai pu l’observer. Arriver à en estimer diamètre de la chevelure, magnitude apparente ainsi que niveau de condensation avec précision n’était quasiment pas possible.
Le lendemain la météo n’est toujours pas au beau fixe. Pourtant, ce 15 novembre, je mets mon réveil à 4h, sait-on jamais. Rapide déplacement à moins d’un kilomètre de chez moi, au même endroit que la veille. Et bingo, le ciel est superbe (SQM 21,30), ce qui me permet d’observer la comète, d’en estimer les paramètres et d’en dessiner l’apparence. Découverte le 7 à la magnitude +10,2 je l’estime aujourd’hui à +8,5, une condensation de 5/10 et un diamètre de la coma de 4’.
L’utilisation d’un filtre SWAN permet de faire très bien ressortir la comète sur le fond du ciel, ce n’est pas toujours le cas (voir figure 2).
Lors de cette seconde nuit d’observation j’ai pu admirer également le lever de la conjonction Vénus-Spica, l’Epi de la Vierge qui a donné un peu plus de peps à mon aquarelle (voir figure 1).
Bien que sur les rares photos prises de cette comète on distingue une très longue queue bleutée toute fine ainsi qu’une coma vert fluo, en visuel il n’y a pas grand-chose à dessiner, mais ce n’est peut-être que partie remise ?
En cet automne 2018, j’ai déjà pu observer les comètes périodiques suivantes (voir figure 3) :
21P/Giacobini-Zinner, découverte à Nice en décembre 1900 qui a une période de 6 ans,
38P/Stephan-Oterma qui a une période de 38 ans,
46P/Wirtanen, à son sujet voyez la suite de sa saga dans ce numéro d’Astrosurf-Magazine,
64P/Swift-Gehrels dont la période est de 9 ans.
Mais seule la comète C/2018 V1 (Machholz-Fujikawa-Iwamoto) est une nouvelle venue.
Cette découverte est très intéressante. Les comètes périodiques sont des astres qui ont déjà connu le soleil de près. On les connaît, on guète leurs retours, mais celle de Machholz passera près de notre étoile pour la toute première fois, sa neige de surface n’a pas encore été sublimée, elle est ce qu’elle était au tout début de la création de notre système planétaire.
Le passage au périhélie doit avoir lieu le 3 décembre, en passant au plus près de la terre le 27 novembre.
Traquer ces objets a toujours été une passion dans ma passion, traquer le déplacement de ces grosses boules de neige capricieuses a réellement quelque chose de magique.

1. Autoportrait de l’auteur en cours d’observation de la comète C/2018 V1 (Machholz-Fujikawa-Iwamoto).

2. C/2018 V1 (Machholz-Fujikawa-Iwamoto) – 15/10/2018 04:20 TU. Dessin à l’oculaire d’une Vixen Bino 125mm avec filtre Swan et grossissement 40x. F.O.S. (Field Of Sketch) donne le champ du dessin, ici 70 minutes d’arc.

3. Autres comètes périodiques observées et dessinées au cours de l’automne 2018.