J’ai toujours aimé observer Vénus durant la journée. Avec un ciel clair, les contrastes sont plus doux qu’en soirée ou au petit matin et ils sont plus aisés à deviner.
L’utilisation d’un poste fixe va aider à pointer Vénus en plein jour, en évitant les calculs de positions. Les filtres colorés seront utiles pour donner un maximum de contraste au niveau de l’atmosphère de la planète.
La présence du soleil est un danger. Lorsque l’on veut observer Vénus avec une phase quasi pleine ou en fin croissant, la planète se trouvera angulairement très proche du soleil, près de la conjonction supérieure ou inférieure, respectivement presque derrière le soleil ou devant lui. Dans ces deux cas, j’occulte le chercheur ainsi que le tube de mon télescope jusqu’à avoir la certitude que les lueurs du soleil ne risquent pas d’endommager matériel et rétine.
La sonde Akatsuki
Akatsuki devait entrer en orbite autour de Vénus le 6 décembre 2010 à l’aide d’un propulseur en céramique innovant. Malheureusement, le démarrage du moteur a échoué : un débit insuffisant de pressurisation dans le moteur a entraîné une augmentation de la température du propulseur jusqu’à ce qu’il se fissure. L’engin spatial a dépassé Vénus.
Presque tout le monde considérait que l’orbiteur japonais était perdu. Cependant, les ingénieurs de la JAXA, la Japan Aerospace Exploration Agency ont refusé d’abandonner.
L’équipe a ventilé le propulseur, a allégé le véhicule spatial et a élaboré un plan audacieux pour tenter une seconde mise sur orbite. Et, après un trajet nettement plus long que celui prévu, ils ont réussi.
Le vaisseau spatial a non seulement survécu à sa catastrophe, mais depuis le 9 décembre 2015, il est en orbite autour de Vénus et produit, depuis son orbite très elliptique, des images époustouflantes de nuages tourbillonnants à plusieurs niveaux de l’atmosphère de la planète.
Une française, Damia Bouic, s’est spécialisée dans le traitement des images spatiales brutes. Celles reçues d’Akatsuki, se trouvent ici :
astroliens.com/C1A
L’équipe du projet Akatsuki (PLANET-C, Venus Climate Orbiter) demande aux observateurs amateurs et professionnels d’appuyer les observations d’Akatsuki. Après demande d’inscription, les observateurs reçoivent par courrier électronique des informations sur les campagnes spécifiques et peuvent télécharger leurs propres observations passées et futures (images, spectres, etc.). Vous trouverez plus d’informations ici :
astroliens.com/C1B
Une gigantesque base de données sauvegarde un grand nombre d’images planétaires, que ce soient des photos ou des croquis. Pour Vénus, vous trouverez toutes ces images classées par date ici :
astroliens.com/C1C
Pour l’ensemble des planètes du système solaire l’adresse est : astroliens.com/C1D
Comme toujours j’aime saisir par l’aquarelle le moment présent. Lors de cette après-midi du 9 octobre 2018, le passage d’un banc de nuages m’a donné envie de réaliser une aquarelle (voir figure 2). Dans la partie nocturne de la planète, on distingue tout juste l’”ashen light” cette fameuse hypothétique lumière cendrée vénusienne toujours controversée. L’an dernier, cette lueur était encore plus visible.
Pour la technique assez originale appliquée, je vous invite à visualiser la petite vidéo suivante sur YouTube, on m’y voit passer de ma douche (!) à la réalisation d’un effeuillage (!) en règle :
astroliens.com/C1E
1. Mon dernier croquis de Vénus, peu avant sa conjonction inférieure.
2. Aquarelle de Vénus observée dans l’après-midi du 9 octobre 2018.
L’auteur
Michel Deconinck observe les étoiles filantes depuis plus de 40 ans. Il partage depuis toujours ses observations avec la communauté scientifique. Dans les années 1980, Michel était responsable de la section météore de l’IUAA, l’ex Union Internationale des Astronomes Amateurs.
Les météores lui ont permis de se lancer dans le monde de l’astronomie à moindre coût, une chaise longue, un carnet de croquis et un chronomètre, c’est amplement suffisant. Depuis beaucoup d’étoiles filantes sont passées sous le pont de la Voie Lactée.